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AOC – IGP : des appellations bien protégées
Posted by: Philippe Nantermod | Posted on: February 22nd, 2010 | 0 Comments
24 dénominations de produits agricoles et 658 appellations de vins sont aujourd’hui protégées en Suisse et partiellement à l’étranger. Cette protection garantit aux producteurs que d’autres n’exploitent pas indûment leur réputation, et aux consommateurs qu’ils ne sont pas trompés sur l’origine du produit qu’ils achètent.
Depuis quelques années, la Suisse a mis en place son système d’appellations contrôlées pour les produits agricoles. Les sigles AOC (appellation d’origine contrôlée) et IGP (indication géographique protégée) nous sont devenus familiers.
En Suisse 24 produits bénéficient de cette mention officielle dont 6 en Valais : l’abricotine eau-de-vie d’abricot du Valais, l’eau-de-vie de poire du Valais, le safran de Mund, raclette du Valais, viande séchée du Valais et pain de seigle valaisan.
La protection des appellations d’origine et des indications géographiques constituent un droit de propriété intellectuelle, au même titre qu’une marque mais selon une logique différente. Alors que la marque est une protection privée, appartenant à un producteur déterminé et permettant d’identifier ses produits, l’AOC ou l’IPG constitue une protection publique pouvant être utilisée par tout producteur respectant le cahier des charges fixé. Elle protège une dénomination traditionnelle ou géographique désignant un produit avec des qualités intrinsèques liées à son origine géographique et à ses méthodes et habitudes de production.
Les AOC agricoles et les AOC viticoles forment deux systèmes très différents et complètement séparés. Les premières relèvent de la Confédération, les secondes sont du ressort des cantons. Ceux-ci fixent les exigences applicables à leurs AOC, en précisant notamment la délimitation de l’aire géographique et les cépages autorisés, ainsi que, pour chacun de ces derniers, les méthodes de culture autorisées, la teneur minimale naturelle en sucre, le rendement maximum à l’unité de surface, les méthodes de vinification autorisées, le système d’analyse et d’examen organoleptique.
En Suisse, 658 appellations sont actuellement recensées. 173 dans le canton de Vaud (sous réserve de la révision en cours qui devrait en réduire drastiquement le nombre), 124 en Valais, 64 à Genève, 24 à Neuchâtel, 96 dans le canton de St-Gall, 70 en Argovie et 61 sur le territoire de Schaffhouse. Environ 90 % de la production de vin en Suisse est classée AOC.
Si, dans la viticulture, l’AOC semble devoir rester un classement de masse, il n’en ira pas de même pour les autres produits. A l’office fédéral de l’agriculture, une estimation fait état d’une quarantaine d’appellations qui pourraient être protégées dans une dizaine d’années et le processus serait alors terminé.
On comprend donc que ces sigles tant convoités ne suffiront pas à faire vivre l’agriculture suisse et qu’une part importante de nos produits ne réunira jamais les caractéristiques nécessaires pour recevoir ce précieux label qui ne doit pas être considéré comme promotionnel mais bien comme une protection.
Il importe cependant de ne pas déprécier les très nombreux produits qui ne peuvent ni ne pourront se prévaloir d’une AOC-IGP. Pour ceux-là, il existe de nombreuses autres possibilités de promotion, à l’aide par exemple de véritables labels de qualité. Sans oublier – c’est la moindre des choses – la désignation « Suisse », dont on rappelle qu’elle est aussi protégée par une législation fédérale partiellement en révision.
Il s’agit aussi et surtout de sensibiliser les consommateurs que nous sommes à la saisonnalité des produits que nous achetons ainsi qu’à leur origine. De plus en plus, des analyses démontrent que certains fruits ou légumes en provenance de l’étranger subissent des traitements chimiques importants trop souvent aux limites des tolérances légales. Les nuisances écologiques produites par des transports irrationnels provoquent également les réactions des consommateurs.
Etre responsable du développement économique de notre canton du Valais c’est aussi soutenir notre agriculture. Et ce soutien passe par deux gestes que nous pouvons toutes et tous modifier dans nos comportements d’achat :
– Acheter les produits agricoles de saison en fonction de la production locale,
– Favoriser les produits du pays.
C’est ainsi que nous pourrons le mieux démontrer que nous considérons notre agriculture valaisanne comme étant un pilier important de notre économie.
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